La question de la gestion de l'eau en agriculture est complexe, et le fait que l’agriculture ne soit pas soumise aux mêmes restrictions d'eau que d'autres secteurs d’activités peut s'expliquer par plusieurs raisons :
Une réglementation différenciée selon l’état de la nappe
Les agriculteurs ne sont pas complètement exemptés de restrictions d'eau, mais les règles peuvent être différentes selon le type d'exploitation et les zones géographiques. En France, lors de périodes de sécheresse, des arrêtés préfectoraux définissent des niveaux d’alerte pour l’utilisation de l’eau (alerte, alerte renforcée, crise).
Selon ces niveaux, certaines catégories d’agriculteurs peuvent être plus ou moins impactées parles restrictions. La nappe des cailloutis est concernée par un zonage qui prévoit une adaptation en fonction de l’évolution de la nappe constatée dans la zone nord et dans la zone sud par l’analyse des relevés des niveaux de nappes en différents points.
Des ressources en eau dédiées et des infrastructures
Dans certaines régions, les agriculteurs ont accès à des infrastructures spécifiques pour l'irrigation (canaux, retenues d'eau, barrages). Ces ressources peuvent être séparées des réseaux d'eau potable et d’autres usages, ce qui leur permet d'utiliser de l’eau qui ne serait pas directement destinée à la consommation humaine.
Ainsi, ils peuvent continuer à utiliser de l'eau sans affecter les besoins en eau potable ou industriels.
Une irrigation maîtrisée
Les pratiques d'irrigation ont évolué pour être plus efficaces. De nombreux agriculteurs utilisent des systèmes d'irrigation plus économes en eau (comme l'irrigation goutte-à-goutte en maraîchage), ce qui permet de limiter l'impact de leur usage d'eau tout en maintenant la production agricole. Des aides financières sont aussi parfois proposées aux agriculteurs pour investir dans des systèmes économes.
Des impacts économiques et sociaux
L'agriculture est essentielle pour garantir l'approvisionnement alimentaire. En période de sécheresse ou de pénurie d'eau, il est souvent jugé prioritaire de maintenir un minimum d'irrigation pour assurer la production agricole, éviter les pertes de récoltes, et limiter les impacts économiques sur les exploitations. C’est donc un secteur considéré comme stratégique.
Les restrictions d'eau strictes en agriculture peuvent entraîner des conséquences économiques et sociales importantes. Réduire l'irrigation de manière drastique pourrait entraîner des pertes de récoltes, affecter les revenus des exploitants, et impacter les filières locales et nationales. C'est pourquoi les autorités publiques cherchent à trouver un équilibre entre la préservation des ressources en eau et la protection de l'économie agricole.
Un équilibre entre secteurs d’activités
Les restrictions d’eau sont souvent différenciées selon les secteurs d’activité. Par exemple, des restrictions plus strictes peuvent être imposées à l’arrosage des jardins privés, au lavage des voitures, ou aux industries non essentielles, tandis que les agriculteurs, en raison de leur rôle crucial dans la production alimentaire, peuvent bénéficier de mesures plus souples.
Une gestion collective
Dans certaines régions, des agriculteurs participent à des projets collectifs de retenues d’eau ou de stockage en période hivernale, pour avoir accès à de l’eau en été sans puiser dans les réserves naturelles.
En Dombes, il existe aujourd’hui moins de 10 réserves construites ou aménagés à des fins d’irrigation, pour des surfaces en eau relativement faible. Des projets sont à l’étude par la profession agricole.
Ainsi les agriculteurs ne sont pas exemptés de restrictions d'eau, mais leur rôle stratégique dans la production alimentaire, la gestion spécifique de leurs ressources en eau, et la réglementation différenciée permettent des adaptations. L’objectif est de maintenir un équilibre entre la préservation des ressources en eau, la production agricole et les impératifs économiques.
Pour aller plus loin que la situation actuelle de gestion de la ressource par arrêté sécheresse. Pour la nappe des cailloutis de la Dombes, la concertation lancée avec l’élaboration du PTGE va permettre d’affiner le partage de la ressource en intégrant l’évolution du climat pressenti d’ici 2050.